Le drame caché derrière une célèbre image

Publié le 17 février 2025
MAJ le 22 avril 2025

En une nuit tragique de novembre 1985, la ville d'Armero a été brusquement réveillée par la fureur du Nevado del Ruiz. Ce n'était pas la lave, mais une avalanche de boue dévastatrice qui a englouti des vies, dont celle d'Omayra Sánchez, devenue le symbole poignant d'une catastrophe évitable.

Signes d’alerte négligés

Des signaux précurseurs avaient été signalés bien avant l’éruption imminente. Des indications telles que des poissons sans vie dans les cours d’eau, des odeurs de soufre, de légers tremblements… autant de signes avant-coureurs qui auraient dû inciter les autorités à réagir. Malgré ces alertes, aucune mesure concrète n’a été mise en place.

Lorsque le volcan s’est réveillé, il était déjà trop tard. Les fontes glaciaires ont déclenché quatre énormes coulées de boue, connues sous le nom de lahars, qui ont englouti la cité en quelques instants. Armero, jadis florissante, s’est transformée en un cimetière de boue et de silence.

Omayra Sánchez, un éclat d’humanité au milieu du chaos

Au cœur des décombres, les équipes de secours ont découvert Omayra, prise au piège sous les décombres de sa maison. Ses membres étaient immobilisés sous un amas de béton, l’empêchant de se libérer. Alors que l’eau montait progressivement autour d’elle, sa lutte pour survivre se transformait en une course contre la montre.

Malgré la douleur et la fatigue, Omayra a fait preuve d’un courage extraordinaire. Elle échangeait avec les journalistes, affichait même un sourire, réclamant des biscuits sucrés et évoquant un examen de mathématiques qu’elle pensait avoir échoué. Cependant, son état de santé se détériorait petit à petit.

L’image qui a ému le monde entier

Le photojournaliste français, Frank Fournier, est arrivé sur les lieux et a capturé un instant déchirant : Omayra, le regard perdu, le visage marqué par la souffrance et la dignité. Cette photographie, diffusée à l’échelle mondiale, a suscité une vague d’émotions et d’indignation.

Pourquoi personne n’a pu la sauver ? La réponse est aussi cruelle que simple : les ressources manquaient. Une amputation aurait été nécessaire, mais aucun équipement adéquat n’était disponible sur place. Après 60 heures de lutte, Omayra a finalement rendu son dernier souffle, laissant derrière elle une image gravée à jamais dans les mémoires.

Un symbole de négligence et de résilience

Le récit d’Omayra Sánchez ne se résume pas à une simple tragédie. Il met en lumière l’incompétence des autorités face aux catastrophes annoncées. Suite à cette tragédie, la Colombie a instauré des dispositifs de prévention des catastrophes, mais pour Omayra et les 25 000 victimes d’Armero, ces mesures sont arrivées trop tard.

Aujourd’hui, à l’emplacement jadis occupé par la ville d’Armero, seuls quelques vestiges subsistent, accompagnés de monuments en mémoire des disparus. Cependant, le regard d’Omayra, figé par une simple photographie, continue de hanter les esprits et de rappeler l’importance de l’anticipation face aux cataclysmes naturels.