Un coin de France où l’héritage ne coûte rien : découvrez cette singularité fiscale

Publié le 2 mai 2025

Alors que le poids des droits de succession se fait sentir partout en France, un territoire bénéficie d'un privilège ancestral. Loin des règles communes, cette enclave fiscale offre à ses résidents une transmission patrimoniale sans frais. Plongée dans un héritage historique aussi surprenant qu'envieux...

En France, les droits de succession pèsent lourd sur les héritiers

Une mère remettant des clés à sa fille

Le système successoral français se distingue par sa rigueur fiscale. Selon les données de l’OCDE, notre pays occupe le troisième rang mondial pour les prélèvements sur les transmissions patrimoniales. Lors d’un décès, les actifs transmis aux descendants sont soumis à une taxation progressive qui dépend à la fois de leur valeur et du degré de parenté.

Si un abattement de 100 000 € s’applique entre parents et enfants, les tranches d’imposition peuvent ensuite varier de 5 % jusqu’à 45 %. Cette progressivité rend particulièrement coûteuse la transmission d’un patrimoine immobilier important, créant parfois des difficultés financières pour les héritiers.

La Corse : un régime fiscal particulier

Contrairement au reste du territoire français, la Corse bénéficie d’un régime dérogatoire concernant les droits de succession. Cette spécificité trouve son origine dans un décret napoléonien datant de 1801, dont certaines dispositions restent applicables aujourd’hui.

Sur l’île, de nombreuses propriétés se transmettent traditionnellement sans formalité notariale complète. Ces biens, souvent détenus en indivision par plusieurs membres d’une même famille, échappent fréquemment à une évaluation précise par le fisc, créant une situation unique en France métropolitaine.

Une mesure temporaire prolongée jusqu’en 2037

La loi du 22 janvier 2002 a introduit un abattement de 50 % sur la valeur des biens corses pour toutes les successions postérieures à cette date. Initialement prévue pour expirer en 2027, cette disposition a été prolongée par la loi du 7 février 2025 jusqu’à l’année 2037.

Cette extension, portée par le sénateur Jean-Jacques Panunzi, vise à permettre aux familles corses de régulariser progressivement des situations souvent complexes, où les transmissions se font de manière informelle depuis plusieurs générations.

Un outil pour clarifier le foncier insulaire

Pour les pouvoirs publics, cette mesure représente également un levier pour moderniser la gestion du territoire. Bien que des progrès significatifs aient été accomplis depuis 2017 – avec plus de 15 000 parcelles régularisées – environ 300 000 propriétés restent sans titre officiel en Corse.

L’objectif est double : sécuriser les droits de propriété tout en préparant une convergence progressive avec le régime fiscal continental, sans pour autant remettre en cause les traditions locales de transmission familiale.

Des formalités indispensables malgré l’exonération

Il est important de noter que cette exonération partielle n’élimine pas l’obligation de déclaration. Le recours à un notaire reste nécessaire pour enregistrer légalement toute succession, même lorsque les droits à payer sont réduits. Cette étape est cruciale pour prévenir d’éventuels litiges entre héritiers et sécuriser juridiquement les transmissions.

Une exception qui interroge

Ce régime dérogatoire, unique en France métropolitaine, suscite parfois des interrogations chez les contribuables continentaux soumis à des taux plus élevés. Il témoigne cependant de la capacité du droit français à intégrer les particularismes régionaux et à préserver des traditions locales ancrées dans l’histoire.

Alors que les successions représentent souvent un coût important pour les familles, la Corse maintient ainsi son statut particulier. Cette singularité continue d’alimenter les discussions tout en offrant un avantage non négligeable aux héritiers insulaires.