Une ex-professeure de l’Éducation nationale explique son basculement vers l’école à la maison

Publié le 17 avril 2025

Après une décennie à enseigner dans le public, cette diplômée en pédagogie a fait le choix surprenant de déscolariser ses enfants. Son parcours interroge les limites du système scolaire actuel et révèle les raisons personnelles derrière cette décision radicale.

Un dévouement absolu… qui mène à l’épuisement

Maggie Monroe ne rejette pas le principe de l’école. Cette mère de famille défend au contraire avec conviction l’idée d’une éducation publique accessible à tous. Pourtant, derrière cette position apparemment sans concession se cache une tout autre vérité : selon elle, le système actuel ne répond plus aux besoins de nombreux élèves… ni à ceux des enseignants.

Professeure elle-même, elle a connu les journées interminables, les corrections tardives le soir, les repas oubliés et l’anxiété permanente. Elle se souvient même avoir tissé des liens avec l’agent de sécurité de l’établissement, tant ses heures de départ se faisaient régulièrement nocturnes. Un détail qui illustre parfaitement l’engagement total – parfois jusqu’à l’auto-sacrifice – du corps enseignant.

Une institution au bord de la rupture

Pour Maggie, les difficultés ne relèvent pas de cas isolés mais d’un dysfonctionnement global. Elle décrit une machine éducative figée, où la bureaucratie étouffe toute velléité de transformation profonde. Dans sa salle de classe, elle a observé des élèves submergés par le travail personnel, en manque chronique de repos, et victimes d’un emploi du temps incompatible avec leurs besoins physiologiques. « On exige des résultats tout en négligeant leur santé mentale et physique », regrette-t-elle amèrement.

La liste des problèmes ne s’arrête pas là. Elle souligne également le manque criant d’assistants pédagogiques face à des effectifs pléthoriques, les perturbations constantes, les réformes successives et une hiérarchie souvent déconnectée des réalités quotidiennes. Conséquence ? Un environnement scolaire qui échoue à garantir non seulement des apprentissages solides, mais aussi un équilibre psychologique pour ses usagers.

L’enseignement à domicile : un compromis salvateur mais exigeant

Confrontée à cette situation désespérante, Maggie a opté pour une solution drastique : assurer elle-même l’instruction de ses enfants. « Ce n’était pas la solution parfaite, mais la seule viable dans notre cas », explique-t-elle. Ce choix lui a permis d’individualiser les progressions, de privilégier l’approfondissement à la course contre la montre, et surtout de préserver l’épanouissement de sa famille.

Pourtant, elle reste réaliste : l’école maison n’est pas accessible à tous. Elle nécessite des disponibilités importantes, des ressources conséquentes et une discipline de fer. Et malgré ces ajustements, ses enfants ont dû renoncer à certains aspects irremplaçables de la scolarité traditionnelle, comme les interactions sociales riches ou les activités collaboratives.

Quel retour possible dans l’éducation nationale ?

Aujourd’hui, alors que ses enfants approchent de la majorité, Maggie envisage un retour devant les élèves. Mais une interrogation persistante la tourmente : retrouvera-t-elle du sens dans une institution qu’elle estime toujours aussi dépassée ? Pour elle, l’enseignement ne se résume pas à une transmission de savoirs, c’est avant tout une foi dans le potentiel transformateur de l’école. Et pour y parvenir, il faudra bien plus que des ajustements cosmétiques : une refonte complète des mentalités éducatives, recentrée sur les véritables besoins des apprenants et des pédagogues.

Le témoignage de Maggie est à la fois émouvant et édifiant. Il révèle les limites d’un modèle scolaire qui, malgré la bonne volonté de ses acteurs, semble inadapté aux défis contemporains. Et si, finalement, la clé d’une école renouvelée se trouvait dans l’écoute attentive de ceux qui la font vivre au quotidien ?